Femme de Pouvoir

Avec le temps, le désir s'émousse, mais aussi l'admiration, voire la considération. Je me suis tellement habituée à Louis, qu'il ne provoque rien en moi, c'est une sorte de troisième bras mais qui me coûte beaucoup trop en attention, en écoute et en bien d'autres choses. Delphine m'a souvent dit de le larguer, mais franchement prendre un autre homme, ce ne sera pas différent, sans doute moins agréable! D'où sa proposition d'en faire un parfait esclave à mon service, ne vivant et n'agissant que pour moi. Le jour où elle a émis cette proposition j'ai senti mon corps se liquéfier de désir, des souvenirs d'enfance sont remontés, ces envies de domination brutale, violente, absolue que j'exerçais sur mon cousin passif.

Nous en avons parlé longuement, et Delphine a été triomphante quand je lui ai montré les histoires et vidéos de soumission que Louis regardait très souvent. L'option de le faire avec son consentement a été rapidement écartée : j'ai compris que cela aurait été un accord, et du coup il m'aurait demandé bien trop en contrepartie. Je n'en veux aucune. Aussi avons-nous monté l'ensemble des éléments, avec l'aide de Noémie, son assistante, soumise de Delphine, qu'elle a fait embaucher pour l'occasion. Elle s'est pleinement prêtée au jeu, n'appréciant pas trop son patron, et heureuse de participer à l'asservissement d'un male.

Quant à la fellation de Delphine, c'est au fond effectivement un service qu'elle m'a rendu, puisque je lui avais fait exactement le même, trois années auparavant pour son petit jean, devenu son esclave. J'avoue que l'exemple de Jean m'a convaincue que j'avais tout à y gagner. Prendre les mesures de Louis discrètement a été un jeu d'enfant, afin que la ceinture, sur mesure, soit à sa taille. Il n'est pas question qu'il la retire un jour, et cela m'a provoqué tellement d'orgasmes pendant les semaines qui ont précédé! A la grande joie de Louis, profitant de ce regain de désir de ma part, et se laissant étonnamment faire lorsque je le griffais, le mordais ou l'étranglais, prenant plaisir à toutes ces sensations que je savais faire partie de son imaginaire. Et franchement sa réaction ce soir, était pitoyable, allant jusqu'à avouer un truc qu'il n'a pas fait, qui signe son arrêt de mort. J'ai compris là que je ne pouvais l'aimer comme mon mari, mon alter ego, non il doit ramper, devenir mon animal de compagnie.

Même le petit-déjeuner demain, enfin tout à l'heure, était une épreuve, puisqu'il a l'habitude d'être au travail à 8h30. La prochaine étape est son licenciement pour faute grave, évitant la plainte pénale, et la certitude de ne pas retrouver d'autre emploi. Je le veux à ma disposition permanente, la plupart du temps invisible pour que je puisse mener ma vie affective et sexuelle comme je le désire. Le pouvoir est aphrodisiaque, il m'attire tant de conquêtes, pas seulement masculines. Si je résiste à Delphine, c'est parce que nos caractères sont trop proches et je veux la garder ainsi tout proche de moi. Et j'apprécie aussi son dévouement et sa passion, que je contrôle.

***

3. Louis

Il est dix heures passées quand Valérie émerge de sa chambre, je suis ultra nerveux, même si j'ai averti de mon retard Noémie mon assistante. Nerveux et affamé, je n'ai pas mangé comme elle me l'a demandé hier. Elle est magnifique dans sa chemise de nuit en dentelle noire, laissant voir ses obus, son ventre arrondi, son sexe dodu. Elle me regarde durement.

- Quand tu es à la maison, je veux que tu sois toujours intégralement nu.

Ma nervosité et mon impatience ont disparu d'un coup. Je suis tétanisé, par l'ordre, par le ton, par la vision de Valérie. Mon message d'hier soir me revient en tête, je ne réfléchis pas, j'enlève mon costume que je plie précautionneusement, me retrouvant nu juste avec ma ceinture à laquelle je n'arrive pas à m'habituer. C'est une chose que je n'ai dite à personne, pas même à Valérie, mais j'aime les ordres, clairs, directs. Cela m'excite, me vide la tête, et j'aime les exécuter. Mais finalement dans la vie c'est rare de recevoir des ordres. D'une façon évidente, cela risque de changer pour moi! Ma tête est vide, je regarde fébrilement celle qui est ma femme, dont je sens à cet instant toute l'autorité.

Je fais le café de Valérie, puis je lui beurre ses cracottes à sa demande. Nous devisons de choses et d'autre, avant qu'elle ne m'interrompe quand je veux me resservir du pain.

- Tu as assez mangé pour ce matin. Tu te laisses trop aller, je veux que tu fasses attention.

- Tu trouves?

- Je dois me répéter? (Son ton est glacial, elle ne me regarde même pas)

- Non, tu as raison, je vais faire attention.

- Tu es à combien de kilos?

- 85

- Ah oui quand même! Ce soir tu me donneras une courbe prévisionnelle pour que tu descendes à 80, disons en trois mois. Je veux ton poids semaine après semaine et tu auras intérêt à atteindre tes objectifs que tu te seras fixé toi-même.

- Euh... (Je vais objecter quand je comprends la leçon). Bien d'accord.

- Je me suis sentie profondément humiliée par tout ce que j'ai découvert ces dernières semaines. Les sites que tu peux voir, les images, les récits, c'est vraiment immonde. Je pensais avoir un homme différent des autres, tu es juste plus hypocrite. Voire pire, je me demande ce qu'en pensent tes mères.

- Je suis vraiment désolé, je... (Oh non pas mes mères... je n'y survivrais pas, Valérie le sait)

- Oui tu peux l'être. Tu vas voir avec la cage je pense que cela va te calmer. J'hésitais à mettre un contrôle parental, mais en fait c'est plus drôle que tu t'excites sans pouvoir rien faire.

- Je te jure...

- Non s'il te plaît, inutile de jurer. Arrête de vouloir me répondre, arrête tout de suite. Ce soir je rentre tard, tu vas dormir là-haut jusqu'à nouvel ordre. Tu me laisses un repas à réchauffer dans la cuisine, ainsi que ta courbe de poids. Je veux l'appartement impeccable, le linge nettoyé, ma salle de bain impeccable. Que tu en prennes l'habitude, je veux que la maison soit scintillante tous les soirs.

- Très bien mon Amour, tu es très en colère?

- Tu n'as pas idée, et tu n'as pas fini d'en payer le prix. Tu vas gagner ta place à mes côtés, parce que là tu étais à deux doigts de dégager. Tu imagines dans ma position! Sache qu'avec ce que je sais, jamais ne te défendrai.

- Je t'aime, tu sais?

- Viens embrasser mes pieds!

La décharge électrique dans tout le corps me surprend, mon sexe tente sans succès de se gonfler, je suis secoué par la demande de Valérie. Evidemment je fais le lien avec tous ces récits qui m'excitent tant, et qu'elle semble avoir lu. Je ne sais pas si c'est une bonne direction qu'elle nous fait prendre, mais je ne suis guère en position pour en discuter. Mes genoux sur le carrelage froid, je lui baise les pieds nus, maladroitement. Je passe de l'un, à l'autre, remarquant que je ne les ai jamais vus! C'est paradoxal, elle m'offre une autre sexualité pour me punir de ma sexualité!

- Va au travail maintenant, je dois me préparer.

***

Je suis distrait au travail. J'ai vérifié que ma ceinture n'était pas visible, pire elle semble indiquer que mon pantalon est vide! Mais qui regarde là. Je n'arrive pas à me concentrer, pris entre des angoisses profondes et cet horizon que Valérie semble m'ouvrir. Si je pouvais me masturber, cela me soulagerait beaucoup! C'est terrible, je n'ai que des images torrides en tête. Je me sens fiévreux, et je me surprends à regarder des photos de... Valérie.

Au déjeuner, je prends une salade et un yaourt, et j'envoie un message d'amour à Valérie avec une photo de mon plateau repas, j'espère la faire rire. C'est vrai que j'ai un peu forci, mais pas tant que cela quand même. Je me demande ce que penseraient mes collègues s'ils savaient qu'en rentrant j'allais devoir me transformer en femme de ménage! Bizarrement faire cela pour Valérie est un plaisir, cela me remplit à chaque instant.

Je me suis déshabillé dès que je suis rentré, prenant une photo pour elle, et je me suis attelé à la tâche, tout en lui préparant des lasagnes végétariennes comme elle les adore. Je vérifie que tout est impeccable, j'ouvre son lit pour qu'elle se sente accueillie, je cherche une attention, me maudissant de ne pas avoir acheté de fleurs. Je me note de faire cela demain sans faute. Je lui écris un long mot d'amour, et je monte me coucher dans la chambre de bonne. J'ai enfilé juste un peignoir, peu de chance de croiser du monde, l'immeuble étant presque exclusivement occupé par des bureaux.