Le Pouvoir à la Belle Epoque Ch. 01

Informations sur Récit
Avant Amaury, il y eut Gauthier.
3.8k mots
4.4
16.3k
00
Récit n'a pas de balises

Partie 1 de la série de 12 pièces

Actualisé 04/27/2024
Créé 10/20/2023
Partagez cette Récit

Taille de Police

Taille de Police par Défaut

Espacement des Polices

Espacement des Polices par Défaut

Face de Police

Face de Police par Défaut

Thème de Lecture

Thème par Défaut (Blanc)
Tu dois Connectez-Vous ou Inscrivez-Vous pour enregistrer votre personnalisation dans votre profil Literotica.
BÊTA PUBLIQUE

Remarque : Vous pouvez modifier la taille de la police, la police et activer le mode sombre en cliquant sur l'onglet de l'icône "A" dans la boîte d'informations sur l'histoire.

Vous pouvez temporairement revenir à une expérience Classic Literotica® pendant nos tests bêta publics en cours. Veuillez envisager de laisser des commentaires sur les problèmes que vous rencontrez ou de suggérer des améliorations.

Cliquez ici
Walterego
Walterego
16 Admirateurs

Les chapitres qui suivent sont un prologue à "La Transition". Ils peuvent se lire indépendamment mais il n'est pas inutile de lire ou relire "La Transition" auparavant étant donné que certaines explications ne reviennent pas dans le présent récit.

Chapitre 01 : A la découverte du Pouvoir

Mai 1897

"Papa ! Il n'est même pas 10h du matin et vous êtes déjà ivre !"

"Ma ffille, cela ne ffous regarde pas . Ffous feriez mieux te ffous ogguper dela mai-maisonnée !"

"Comment voulez-vous que je m'en occupe? Nous n'avons plus le moindre sou ! Nous sommes redevables de trois mois de gages à nos deux derniers domestiques et notre banque me refuse tout crédit supplémentaire. Si vous ne nous trouvez pas de rentrée d'argent, ils nous quitteront aussi !"

"Ffvendez lles légumes de ffotre pppotager ou ffos poules !"

"Et que mangerons-nous alors?"

"Téprouillez-ffous mma ffille et ne m'ennuyez pplus afec zes zornettes!"

Gérard de Montigny prit une nouvelle bouteille d'Epinal Spéciale Noël dans la caisse à côté de son fauteuil et la déboucha d'une pression du pouce avant de la boire au goulot.

Catherine tenta une ultime parade :

"Et si vous buviez plutôt votre bière de table? Vous garderez l'esprit plus clair ..."

"Et qui boi boira not' Spéciale Nowël? Nous n'afons fendu qu'un quart de not' produ produc... de not' stock. Maudits zoient zes Teutons et leur pisse d'âne !"

"Ce ne sont pas des Allemands mais des Français comme nous. Ce n'est pas de leur faute si des Alsaciens ont dû venir s'installer à Epinal pour nous vendre leur bière !"

"Pas bière : Pisse d'âne"

Oui père, de la Pilsen à la mode Alsacienne; vous auriez mieux fait de les imiter au lieu de vous entêter avec votre production à l'ancienne !"

"Zamais ! Zinq zénérations de Montigny ont vait la ffffortune de zette vamille avec des bières de gualité. Maudite zoit la pisse d'âne !"

Résignée, Catherine de Montigny tourna les talons et quitta le salon où son père passait ses journées à à s'enivrer depuis la maladie puis le décès de son épouse, la mère de Catherine, quelques mois plus tôt, d'une anémie aiguë.

Son ivresse permanente et le jeu avaient eu raison des derniers débris de la fortune des Montigny qui s'étaient évaporés inexorablement des mains du vicomte malgré les efforts de sa fille pour tenter d'empêcher l'irrémédiable déchéance.

Sa seule consolation était que sa mère, Angélique, avait encore pu tenir dans ses mains livides le diplôme que sa fille avait obtenu de à la Nightingale Training School for Nurses à Londres.

Malgré son épuisement grandissant, un sourire avait illuminé son visage empreint de lassitude et elle lui avait murmuré "Je suis tellement heureuse ma fille; c'est un très beau diplôme que tu as acquis par ton seul mérite; peu de jeunes filles de ton âge peuvent se targuer de ton niveau d'éducation ... très peu de jeunes hommes aussi d'ailleurs "

Malgré leurs relations empreintes de confiance, Catherine n'avait pas osé lui avouer qu'elle n'était plus une jeune fille depuis qu'elle avait cédé aux avances d'un jeune médecin anglais durant son apprentissage. Et qu'elle avait même failli tomber encore plus bas mais à quoi bon ternir la joie de leurs retrouvailles?

Sa mère s'était encore battue pendant trois mois contre la maladie puis s'était éteinte paisiblement au début de ce mois de janvier 1897.

Catherine chassa ces souvenirs douloureux et se dirigea vers la cuisine où elle enfila la vieille robe de travail d'une de leurs anciennes domestiques. Elle s'apprêtait à faire la tournée de son poulailler en quête d'œufs pour le repas lorsqu'elle entendit la cloche de la porte d'entrée.

"Sans doute un créancier ou encore un huissier " se dit-elle.

Jean, leur vieux majordome, avait développé une remarquable expertise pour éconduire les vautours et elle préférait ne plus essayer d'intervenir pour implorer leur charité. A quoi bon. D'ici quelques semaines, voire quelques jours, son père et elle devraient quitter leur demeure ancestrale de Dogneville saisie par leur banquier. La seule inconnue était de savoir si leur brasserie leur serait enlevée avant ou après leur maison.

"Mademoiselle Catherine ... "

Elle sursauta au son de la voix de Jean.

"Un Monsieur arrivé en calèche insiste pour parler à Mademoiselle !"

"Inutile. Dites-lui que je ne suis pas disponible, Jean; je n'ai de toute façon pas d'argent à lui donner !"

"Ce Monsieur m'a demandé de bien préciser qu'il s'appelle Lemestre et qu'il ne vous demanderait que quelques instants, Mademoiselle !"

La jeune femme se pétrifia tandis que les circonstances de sa rencontre avec Gauthier Lemestre lui revenaient en mémoire, un peu comme dans une représentation du cinématographe qu'elle avait eu l'occasion de voir à Paris lorsqu'elle y avait fait étape à son retour de Londres, avant de rentrer à Dogneville.

Oubliant qu'elle portait toujours sa tenue de travail, elle s'avança vers le visiteur dont la silhouette encore plus gigantesque que dans son souvenir obscurcissait l'entrée du hall.

"Bonjour Catherine, j'espère que vous vous souvenez de moi, Gauthier Lemestre pour vous servir; nous nous sommes rencontrés au Bal de l'Ambassade de France à Londres l'an passé mais à l'époque vous avez disparu sans même me laisser une pantoufle de verre..."

L'homme s'avança et les réminiscences de Catherine se confirmèrent. Alors qu'elle terminait son apprentissage à la Nightingale Training School, elle avait été invitée au Bal de l'Ambassade de France au titre de seule Française de la promotion annuelle de la prestigieuse école d'infirmières. Sa rencontre avec Gauthier ce soir-là restait gravé dans sa mémoire de manière indélébile.

"Et vous avez besoin de mon aide Monsieur Lemestre?"

"Nous étions moins formels l'an passé ... ou avez-vous oublié que je m'appelle Gauthier? Quoiqu'il en soit, je voudrais en effet faire appel à vos dons d'infirmière."

Il retira péniblement sa redingote, faisant apparaître une chemise blanche inondée de sang depuis l'épaule gauche.

Catherine entendit derrière elle Jean déglutir bruyamment mais ne se départit pas de son calme et s'avança vers le visiteur.

"Un coup de couteau?" demanda t'elle

"Non, une balle de pistolet cadeau de mon adversaire dans un duel bien entendu interdit qui m'empêche de faire appel à un médecin assermenté pour soigner cette blessure."

"Laissez-moi deviner : un mari bafoué? Un père voulant venger l'honneur de sa fille?"

Mai 1896

Elle aurait repéré cet homme à une lieue tant sa haute stature dominait ses congénères mâles. Il tranchait aussi par son imposante musculature que son entraînement d'infirmière lui avait appris à détecter sous l'habit de soirée. Il faisait un peu bande à part, ignoré par ses congénères de plus petite taille et refusant poliment les sollicitations de la gent féminine. Il se contentait d'observer d'un air détaché l'agitation de la fête. Sa chevelure d'un blond tirant sur le roux, coiffée en brosse au contraire des boucles de la mode masculine, ajoutait à sa singularité.

Malgré son propre physique avenant, tout en courbes féminines, elle-même faisait tapisserie depuis l'ouverture du bal. La seule tenue de sortie qu'elle avait emportée avec elle était bien modeste comparée aux robes d'apparat des autres invitées mais elle mettait particulièrement en valeur sa taille fine et sa ferme poitrine. Assise aux côté de Dame Elizabeth Smithson, l'intendante de l'école qui lui servait de chaperon, elle avait été conviée par plusieurs jeunes hommes mais à chaque fois qu'elle se levait pour les rejoindre, son mètre quatre-vingt les faisait fuir, craignant sans doute le ridicule d'une valse aux bras d'une cavalière plus grande qu'eux.

Et pourtant, pour porter plus facilement sa coiffe de travail, ses cheveux auburn coupés courts étaient plaqués sur son crâne, ce qui lui faisait perdre de précieux centimètres par rapport aux coiffures montées à la mode.

Soudain, le géant avait surgi devant elles et s'était adressé à Dame Smithson

"Madame, consentez-vous à ce que j'invite votre fille à la prochaine valse?"

Dans un français un peu hésitant, l'austère intendante avait répondu :

"Catherine de Montigny n'est pas ma fille néanmoins je consens à cette invitation, Monsieur..?"

"Lemestre, Gauthier Lemestre."

Bien que surprise par cette invitation inattendue de la part de ce solitaire, elle avait accepté la main tendue et ils avaient valsé au son de la musique de Jacques Offenbach, toujours populaire au sein de la diaspora française.

Tout en dansant, ils s'étaient racontés l'un à l'autre.

"C'est la première fois que je vous vois dans les salons de l'Ambassade ... vous venez d'arriver à Londres, Mademoiselle Catherine"

"Je vis ici depuis presqu'un an mais j'étais accaparée par mes études de nurse .. je veux dire d'infirmière"

"La Nightingale School je suppose, fichtre ! Et vous comptez rester à Londres?"

"Non, la semaine prochaine les cours seront terminés et je retournerai auprès de mes parents dans les Vosges mais je ferai peut-être une halte à Paris chez ma tante"

"Si vous passer par Paris, profitez-en pour aller voir une représentation du cinématographe des frères Lumière. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir mais il paraît que c'est époustouflant !"

"Si j'en ai le loisir , je n'y manquerai p as Monsieur Lemestre "

"En fait, ma famille a changé son nom de Obermeister en Lemestre après le vol de l'Alsace-Lorraine. Pour éviter de devenir Teutons, mon grand-père nous a envoyés ma mère, ma soeur et moi ici à Londres en 1870. Je n'avais que six ans à l'époque. Nous y sommes restés jusqu'à la fin de mes études à Oxford. Depuis lors, nous nous sommes réinstallés en France, à Epinal. Je suis présentement en voyage d'affaires pour développer nos exportations en Angleterre.

"Vous m'en direz tant, mes parents habitent Dogneville. Mon père y possède la Brasserie de Dogneville !"

"Bien sur ! De Montigny, j'aurais dû faire le rapprochement; nous sommes donc reliés par des liens professionnels. Mon grand-père est le propriétaire de la Brasserie BrauMeister à Strasbourg et je dirige la filiale française qui produit de la Pilsener à Epinal."

"Hum, mon père va vous détester alors; il ne jure que par la haute fermentation ! A propos, vous ne m'avez pas parlé de votre père?"

"Il a hélas été tué lors du désastre de Sedan"

"Désolée, vous n'en parliez pas; j'aurais dû me douter ..."

"Ne vous en faites pas; vous ne pouviez pas savoir; tout comme je ne savais pas que votre chaperon n'est pas votre mère."

"Dame Smithson veille sur moi de façon très maternelle" sourit-elle "Elle est un personnage redouté au sein de l'école. Elle était infirmière de régiment lors de la bataille de Majuba. Elle a héroïquement soigné des blessés sous le feu des Boers. Si elle n'avait pas été une femme, elle aurait obtenu la Victoria Cross comme Farmer, son collègue mâle !"

Ils passèrent ainsi plus de deux heures ensemble, passant de la piste de danse au buffet pour partager un rafraîchissement. Elle aussi l'avait impressionné.

"Mais oui, j'ai aussi obtenu mon baccalauréat !"

"Mais c'est impossible; aucune école pour jeunes filles ne prépare à cet examen !"

"En effet mais avec l'aide d'un précepteur, je l'ai préparé seule et j'ai réussi l'épreuve il y a deux ans, à 17 ans. Nous ne sommes que 300 femmes en France à le détenir et je pense être la plus jeune."

L'homme s'inclina respectueusement .

"Mes félicitations Mademoiselle. Vous combinez donc charme et intelligence.

Catherine qui venait de rompre avec son amant anglais le trouvait aussi charmant voire fascinant. Ignorant les mondanités d'usage, ils s'étaient peu à peu isolés du reste de l'assemblée, tels deux arbres de haute futaie bruissant au-dessus des arbustes.

Lorsqu'il l'invita pour une enième valse,elle sentit comme un courant sensuel passer entre eux.Il devait ressentir la même chose car il la dévorait des yeux et l'attira contre lui, pressant la voluptueuse poitrine de la jeune femme contre son torse athlétique .

Elle commençait à ressentir une douce chaleur émanant de son intimité et qui menaçait de se transformer en brasier à force de contacts parfois langoureux au rythme de la danse ! Faisant fi de toute pudeur, elle profita de mouvements plus lents pour imprimer son bas-ventre en émoi contre celui du géant, histoire de lui faire comprendre que sa cavalière n'était point farouche ce que Lemestre semblait avoir parfaitement compris car elle ne manqua pas de remarquer une dure virilité sous le pantalon ajusté à la mode anglaise.

« Qu'est-ce qu'il me prend ... Je suis une vraie garce ce soir » se dit-elle

Gauthier se raidit et une goutte de sueur perla sur son front.

« Dois-je comprendre que je ne vous suis pas indifférent, Mademoiselle Catherine? »

"Absolument Monsieur Lemestre, je veux dire Gauthier, j'aimerais beaucoup vous revoir en d'autres lieux et dans d'autres circonstances."

A ces mots, il se pétrifia soudain puis s'inclina en s'excusant et la planta au milieu du salon de danse pour se diriger vers une des domestiques qui présentait un plateau de petits fours à l'entrée de la salle de bal. Il échangea quelques mots avec la jeune femme puis le couple s'éclipsa en direction des escaliers qui menaient aux étages de l'ambassade.

Catherine était restée aussi pantelante de ce brusque et inexplicable abandon que jalouse de cet intérêt inattendu pour une servante.

Furieuse mais décidée à découvrir le fin mot de cette histoire, elle avait suivi le couple à distance jusqu'à ce que Lemestre fasse entrer sa compagne dans un bureau du deuxième étage.

Arrivée devant la porte, elle l'entrebâilla dans l'intention de les écouter mais son œil les repéra avant son oreille. Juste en face d'elle, la soubrette était assise sur une grande chaise de salon et déboutonnait le pantalon de Lemestre debout devant elle. Elle y plongea la main et en extirpa avec difficulté un membre viril qui sembla énorme aux yeux de Catherine. Elle en avait pourtant manipulé plus d'un, que ce soit avec des patients ou avec son amant mais jamais de ces dimensions que ce soit en longueur comme en épaisseur ou même en dureté. On aurait dit un monumental cylindre de bronze !

La soubrette emboucha immédiatement le pénis turgescent et Lemestre posa ses grandes mains de part et d'autre de sa tête pour accélérer ses mouvements de succion.

Catherine n'était pas étrangère à cette pratique car Rupert, son désormais ex-amant, avait toujours pris son plaisir en elle de cette façon pour éviter tout risque de grossesse mais elle se demandait comment la fille parvenait à ses fins avec un membre viril de cette taille. Sa formation d'infirmière l'avait immunisée contre toute pudeur mal placée mais ses connaissances anatomiques étaient remises en question par cet homme.

Les mains de Lemestre accélérèrent encore leur tempo. Il ne laissait plus la moindre initiative à sa compagne; au contraire, il s'en servait comme d'un réceptacle passif de son plaisir. Au bout de quelques minutes à peine, il s'immobilisa loin dans la bouche hospitalière et poussa un grognement inarticulé. La fille gémit à son tour et presqu'aussitôt un fluide blanchâtre s'échappa de sa bouche distendue.

Lemestre semblait l'avoir inondée au-delà de tout ce que Rupert avait bien pu répandre dans la gorge de Catherine et pourtant son membre restait rigide comme s'il n'avait pas joui. Il se retira de la bouche et fit pivoter la jeune femme sur la chaise pour qu'elle s'appuie sur le dossier du siège et lui présente son postérieur.

Il releva ensuite les robes qui l'encombraient jusqu'à ce que les parties intimes de la femme apparaissent. Sans dire un mot, il enfourna sa vaste verge dans l'intimité de la soubrette qui feula de plaisir. Il la besogna avec une ardeur sauvage tandis que son amante gémissait de plaisir de plus en plus fort. Elle atteignit bientôt un paroxysme qui laissa Catherine pantoise et que Lemestre salua en se plantant au plus profond en elle avec un grognement de soulagement. Bien qu'ayant apprécié ses relations intimes avec Rupert, elle n'avait jamais ressenti un plaisir tel que celui qui semblait avoir assailli cette femme.

Comme par contagion, elle se sentait elle aussi ruisselante dans son intimité. Face à elle, le couple avait repris sa copulation avec tout autant d'entrain mais Catherine n'en pouvait plus. Elle dévala les escaliers, récupéra son manteau et s'enfuit de l'ambassade pour regagner sa petite chambre dans l'annexe de l'hôpital.

Une fois la porte de la chambre refermée, elle s'était jetée sur son lit sans prendre la peine de se déshabiller, s'était troussée comme une catin pour caresser son bouton d'amour avec une fureur sauvage tout en s'imaginant dans les bras de Lemestre ... Gauthier ...mais, même dans son état de désir inassouvi, son plaisir lui avait semblé bien fade en comparaison de ce qu'elle venait de voir.

Mai 1897

Catherine secoua la tête pour chasser ces souvenirs importuns et rougit, consciente de l'incongruité de ses fantasmes face à un blessé.

"Je ne suis pas médecin Gauthier; je n'ai pas le droit d'extraire une balle"

"Mais vous savez le faire?"

"Oui, j'ai assisté les chirurgiens assez souvent pour ce genre de blessures"

"Dans ce cas, je vous implore de bien vouloir m'aider; je n'ai aucune envie de finir en prison."

Catherine hésita quelques secondes puis sa vocation prit le dessus sur sa prudence.

"Allez vous allonger sur la table du salon; je vais chercher ma trousse d'urgence."

Quand elle rejoignit Gauthier dans le salon, elle pesta intérieurement en réalisant qu'elle avait complètement oublié la présence de son père. Mais heureusement, celui-ci s'était endormi dans son fauteuil, une bouteille de bière renversée sur ses genoux.

Elle découpa la chemise imbibée du sang de Gauthier pour la séparer plus facilement de la chair et nettoya sa poitrine à l'alcool. Elle se surprit à admirer sa musculature puissante mais se morigéna et l'avertit :

"Je n'ai pas d'anesthésique ni d'alcool à boire. Tout ce que je peux espérer, c'est que vous vous évanouirez rapidement".

"Ne vous en faites pas ma douce, j'en ai vu d'autres"

Elle entailla les chairs de part et d'autre de la plaie puis saisit une pince médicale qu'elle enfonça à la recherche du projectile. Gauthier ne put retenir un gémissement mais autrement ne bougea pas d'un cil.

Par chance plus que par dextérité, elle parvint à saisir la balle du premier coup et la retira sans coup férir. Elle vérifia rapidement qu'aucune hémorragie ne se produisait et immédiatement après, elle versa encore une dose d'alcool dans la plaie pour la désinfecter. Cette fois, son patient tourna de l'oeil. Avec tout le sang-froid qu'elle avait acquis au cours de sa formation, elle ne se laissa pas démonter et entrepris de recoudre la plaie.

Elle finit de mettre à nu et de rincer le torse de Gauthier, repérant au passage plusieurs cicatrices dont deux impacts de balles et de nombreuses balafres dues certainement à des objets tranchants puis elle protégea la zone blessée avec des compresses et recouvrit le blessé d'une couverture que Jean lui avait apportée.

"Ce n'est pas un homme mais une cible ambulante, une énorme cible ambulante" se dit-elle

A ce moment, Gauthier commençait à revenir à lui et sembla sur le point de se redresser mais Catherine le plaqua sur la table.

"Tout doux Maître Lemestre, restez tranquille jusqu'à ce que votre médecin vous donne la permission de vous lever"

"Vous n'êtes pas médecin" grommela t'il

"Non donc vous devez rester allongé" se moqua t'elle.

Elle découpa au scalpel le bas de la couverture et s'en servit pour immobiliser son bras gauche contre son torse.

"Histoire de passer le temps, racontez-moi ce duel ... "

"C'était bien un mari. Infidèle et plutôt brutal avec son épouse mais très chatouilleux quant à ses infidélités à elle ... Quoi qu'il en soit, j'étais en tort donc j'ai tiré devant ses pieds mais lui ne m'a pas raté".

Walterego
Walterego
16 Admirateurs
12