Les malheurs de Sophie - Chapitre 13

LA FIN DES MALHEURS

Ce lundi-là, MM. Christophe et Paulus, installés dans le bureau du Directeur, attendent pendant plus d'heure l'arrivée de Sophie. Mais celle-ci ne vient pas, provoquant la colère de son employeur : - Son retard est impardonnable! Cette chienne sera sévèrement punie pour cela! Marcel, je vous fais confiance! Soyez à la hauteur!

- Vous pouvez compter sur moi, patron! Je saurai être un maître impitoyable!

Lors de la distribution du courrier au sein de l'entreprise, le supérieur découvre un courrier de démission, avec effet immédiat, de sa subordonnée. La lettre a été adressée simultanément au Service du personnel et à la Direction générale. Il est stipulé dans celle-ci que la secrétaire renonce à tout préavis et ne se présentera plus à l'usine.

Ulcéré, son patron, prétextant une réunion à l'extérieur, se rend sans tarder au domicile de l'intéressée. Une affiche « à louer » est placée à l'une des fenêtres de la maison.

Notant le numéro indiqué sur celle-ci, le boss téléphone au propriétaire, en prétextant qu'il cherche à entrer en contact avec sa subalterne. Une voix répond :

- Je ne sais pas, Monsieur, le renom a été donné il y a un mois et payé, suite à cette décision. Ma locataire m'a aussi signalé qu'elle me laissait tous ses meubles, ce qui m'arrange car je pourrai louer le logement un peu plus cher. Elle est partie pour je ne sais où. Vous seriez éventuellement intéressé de louer ou vous connaissez peut-être quelqu'un qui le serait? Si tel est le cas, n'hésitez pas à me contacter!

De rage, le chef raccroche au nez de son interlocuteur et va directement au Service population de la Mairie. Il se heurte à une fin de non-recevoir : non seulement l'adresse de son ancienne auxiliaire ne peut lui être communiquée pour des raisons relatives à la protection de la vie privée, mais en outre, lui répond la préposée, il est indiqué que celle-ci a été rayée du registre pour « partie à l'étranger ».

La salope! pense-t-il.

Au même moment, Sophie arrive à l'aéroport. Son vol n'est pas en retard et elle vient de passer, sans encombre, le contrôle de sécurité. Elle se remémore les derniers détails de son plan parfait la menant vers sa nouvelle vie. Si elle avait jugé prudent d'avouer à son tortionnaire le départ, pour raisons professionnelles, de son compagnon à l'étranger durant une période de trois mois, elle s'est bien gardée par contre de lui signaler la clause stipulant, en cas d'essai concluant, que le contrat de son copain serait automatiquement prolongé pour une période de cinq ans, le salaire de sa fiancée, si elle le rejoignait, étant alors pris en charge par l'entreprise.

Or, celui-ci lui a annoncé la bonne nouvelle il y a environ un mois. Directement, elle a adressé son renom à son propriétaire, entamer auprès de la Commune les démarches visant à obtenir un passeport et un visa en bonne et due forme. Profitant de sa semaine de « repos sexuel », l'erreur qu'elle attendait enfin de la part de M. Christophe, elle en a profité pour prendre un billet d'avion, un aller sans retour.

Plaçant tous ses vêtements de « pute » dans des sacs poubelle déposés à la déchetterie, elle a pris contact avec un marchand de vieilles voitures, lui a vendu son véhicule moyennant enlèvement au plus tard la veille de son départ. Une radiation préalable des plaques a été effectuée. Son compte bancaire, ainsi que le compte commun et celui de son fiancé sur lequel elle a procuration, ont tous été clôturés.

Toujours au cours de ces jours particulièrement chargés, elle s'est rendue chez un tatoueur afin de se faire enlever les piercings --sauf celui au-dessus de sa bouche, qu'elle trouve esthétique- et les anneaux placés dans ses mamelons et ses lèvres vaginales.

Elle a également confirmé un rendez-vous dans une clinique privée afin de se débarrasser, grâce à la technique du laser, des deux tatouages situés sur son mont de venus et sa fesse droite. Le dimanche soir, elle a détruit l'ancienne carte de son mobile et l'a remplacé par une autre, le nouveau numéro étant connu seulement de son compagnon, de sa sœur et de ses parents, avec interdiction de le communiquer.

Enfin, ayant fait venir un taxi à son futur ancien domicile, elle a déposé les clefs de ce dernier dans la boîte aux lettres pour que son propriétaire les récupère. Dans la foulée, elle prend, soulagée d'être libérée des turpitudes endurées et heureuse de retrouver bientôt son unique amour, la route menant à l'aéroport. Ayant passé la nuit dans un hôtel situé à proximité de celui-ci et, arrivée quelques heures avant le départ de son avion pour l'Amazonie, elle profite du temps imparti pour se rendre dans un salon de coiffure et retrouver sa couleur de cheveux initiale.

Adieu blondeur, retour au châtain clair de sa naissance...

EPILOGUE

Sophie

Durant finalement plus de dix ans, au rythme des prolongations des différents contrats de son compagnon, entretemps devenu son mari, elle s'est installée en Amérique du Sud.

Elle en a profité pour faire trois beaux enfants, un garçon et deux filles. Revenue en Europe depuis près de trois ans, mais dans une région située à plus de mille kilomètres de l'endroit où elle a subi, il y a bien longtemps, de nombreux tourments, elle vit aujourd'hui une existence paisible et heureuse. De son esclavage passé, elle garde, même si elle ne veut pas le reconnaître, un goût prononcé pour la soumission, faisant profiter son conjoint, et parfois maître, de ses talents sexuels.

Depuis un peu moins d'un an, à l'aube de la quarantaine, elle a réussi, à coups de langue, à convaincre son mari de pratiquer le candaulisme : environ une fois par mois, tandis qu'il la regarde, la filme ou même participe, elle fait intimement connaissance avec un amant noir bien monté. Elle se rappelle, en jouissant, ses ébats avec Driss...

Roger Christophe

Soucieux de reproduire, avec sa nouvelle secrétaire, le scénario imaginé pour piéger Sophie, le Directeur s'est cette fois retrouvé confronté à forte partie : son assistante italienne, dotée d'un caractère bien trempé, a non seulement refusé de signer le document qui lui était présenté et où elle reconnaissait de prétendues erreurs en matière de paiement des salaires, mais a déposé plainte pour harcèlement sexuel et moral, faux et usage de faux. Au terme d'une enquête de quatre mois et d'un procès de deux semaines, le cadre supérieur a été condamné à deux ans de prison ferme et 50.000 euros de dommages et intérêts.

Sa société n'avait de toute façon pas attendu le jugement pour le licencier pour faute grave, ni sa femme pour demander le divorce, vendre la maison commune et l'ensemble des biens, aux torts exclusifs de l'intéressé. Aux dernières nouvelles, celui-ci vit d'aides sociales dans un hameau francophone perdu au milieu de nulle part.

Il est à noter que la personne ayant acheté son ancienne demeure a procédé à un véritable tri par le vide, jetant à la déchetterie tout ce qui était inutile, dont une caisse jamais ouverte et qui contenait tous les films mettant en scène Sophie.

Marcel Paulus

Plusieurs semaines après le départ précipité de sa jeune collègue, le « chef de production » avait entrepris de construire lui-même une croix de Saint-André, afin de pouvoir régulièrement fouetter, dans son garage, une soumise rencontrée via internet et qu'il rêvait d'attacher sur celle-ci. Ayant oublié de débrancher un appareil électrique, il a provoqué involontairement un court-circuit qui, s'étant déclenché en pleine nuit, s'est propagé à l'ensemble de la remise et de la maison.

Tout comme les nombreuses photos et vidéos réalisées à la gloire de l'adjointe du Directeur, l'intéressé est mort brûlé vif avec ses créations. Comme il était peu aimé, seules quelques rares personnes ont assisté à son enterrement, dont Albert et Nicolas, en souvenir du « bon vieux temps passé avec Marcel et la jeune pouliche ».

Jean, Albert, Antonin, Marc, Dimitri et tous les autres

Si les deux premiers ont terminé paisiblement leur carrière au sein de l'usine avant de prendre, à l'âge légal, leur retraite, Antonin, lui, a préféré quitter l'entreprise pour une multinationale concurrente offrant un travail mieux rémunéré. C'est là qu'il a rencontré sa future femme, avec qui il a désormais deux enfants.

Marc, Dimitri, Arthur et Kylian, les jeunes amis de Sophie, ont poursuivi quant à eux une vie des plus normales : entrant à l'université ou dans le monde du travail, chacun d'eux a suivi sa destinée, gardant un petit souvenir nostalgique de leur initiatrice.

Nicolas Gillet

Quelques mois à peine après l'incendie ayant ravagé la maison de son ami Marcel, décédé dans celui-ci, Nicolas, le sacristain, est mort dans son sommeil, victime d'un AVC.

Sans doute son dieu avait-il décidé de rappeler auprès de lui son fidèle serviteur.

Driss

L'amant d'ébène est, lui, retourné dans son pays, le Togo. Il y mène une existence des plus insouciantes, profitant de la qualité de vie que lui offre ses richissimes parents.

Il s'est marié avec son amie d'enfance et, aujourd'hui, à quatre garçons. De temps à autre, il se remémore les instants passés avec son « épouse blanche » et doit bien avouer qu'il n'a plus jamais connu, depuis lors, des moments d'une telle intensité sexuelle.