SAP&cie 01

Informations sur Récit
Le SAP est une association de services aux personnes.
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Récit n'a pas de balises

Partie 1 de la série de 5 pièces

Actualisé 06/08/2023
Créé 04/10/2017
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25/07/2017 Version 2 - Corrections - Améliorations - Ajout du récit de l'intervention de Lucie chez M.Pirlaut, le lendemain de celle chez M.Schmidt p3.

10/04/2017 Version 1

Ce récit fait intervenir de nombreux personnages fictifs qui se veulent réalistes. Pour une meilleure immersion, chaque chapitre est le point de vue d'un personnage. La mise en place peut s'avérer lente mais permettra de développer la psychologie des personnages, d'expliquer et de faire évoluer les situations. Les personnages auront un lien entre eux et chacun avec leur caractère propre sont susceptible de se croiser.

Je l'ai catégorisé dans "sexe en groupe" car c'est ce vers quoi tend cette histoire dans le futur de chacun des protagonistes.

Bonne lecture

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Cette première partie introduit notre histoire dans la ville fictive de Stanislas. Le point de vue est celui de Jamila puis de sa fille Lucie, tous deux employées au SAP. Outre sa description physique, il y est développé l'état d'esprit de cette dernière face à sa possible éviction de l'association et d'expliquer comment c'est initié en elle son changement quand à sa façon d'exercer son future métier.

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JAMILA 9H30

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Dans l'est de la France, dans la ville de Stanislas, ce soleil matinal de mi-août commençait déjà à chauffer la façade du grand immeuble de bureau regroupant le siège d'une grande multinationale, de nombreuses PME-PMI nationales, une équipe de journalistes indépendants, des cabinets médicaux mais aussi une petite association locale.

Les néons clignotants d"une minuscule salle d'attente sans fenêtre, terminant un long couloir lugubre dans laquelle attendaient deux personnes, faisaient à ses occupantes le même effet qu'un stroboscope dans un ascenseur défectueux. Leurs angoisses et leur anxiété augmentaient à chaque clignement. Située au troisième étage dans l'aile louée par le SAP, il ne fait aucun doute que l'ambiance de la pièce mettait les personnes obligées d'y attendre dans un état de nervosité voulu par le perfide sous-directeur.

Jamila, la quarantaine, et sa cadette Lucie attendaient seules dans l'exigu salle d'attente. Cette dernière, la jeune Lucie, était attendue par le sous-directeur car c'était la fin de son mois d'essai au SAP, une association d'auxiliaires de vie. Quant à la première, Jamila, la mère de famille, elle était là pour soutenir sa fille car ce travail avait une importance considérable pour sa petite dernière et elle la savait fébrile et anxieuse.

Jamila et deux autres de ses filles travaillaient déjà dans l'association, mais si l'une de ses trois enfants possédait les qualités humaines et le farouche désir de se donner aux autres c'était bien sa Lucie. Ce qui expliquait, selon Jamila, le stress de sa dernière fille. Sa dévotion était sans faille et sa volonté de rendre plus facile la vie des personnes dans le besoin était forte. Et cela correspondait exactement à son rôle et au public sollicitant l'association.

Dès son plus jeune âge, Lucie faisait preuve d'une grande empathie. Jamila avait vu se développer la compassion de son adorable petite fille envers les gens que la vie n'avait pas épargnés. Surtout qu'en contrepartie, la nature avait doté ses trois enfants d'un physique de rêve et d'une santé de fer. Jamila pensait que c'était une des raisons pour laquelle il tenait tellement à cœur à sa dernière de rééquilibrer la balance de la vie.

Le dévouement de ses deux autres lolitas étaient beaucoup moins évident. Selon Jamila, elles n'allaient pas rester longtemps auxiliaire.

En effet, en dehors de son job, le but de l'aînée, la bonne petite Jena, était d'utiliser son physique afin de rencontrer un bon parti, un homme charismatique qui la mériterait. Pour l'instant, elle ne faisait qu'utiliser les hommes, "tous des minables". Aucun d'eux, d'après la fière Jena , n'était à la hauteur car ils rampaient tous de façon pathétique devant son physique avec lequel elle jouait au maximum. Ils se battaient pitoyablement pour obtenir ses faveurs. Faveurs qui ne se résumaient qu'à un sourire enjoué ou un rendez-vous qui laissait espérer plus, sans que cela ne se produise jamais.

La deuxième, la grande et fine Jess, était depuis peu obnubilée par son corps, par le regard des autres sur celui-ci, et passait son temps libre à la salle de sports afin de perdre des kilos qu'elle n'avait pas en trop. Jamila savait que son but était de se démarquer de ses sœurs. Elle n'avait jamais trouvé sa place, avait inexplicablement de nombreux complexes. Mais elle allait mieux depuis trois mois alors Jamila l'encouragea dans cette voie sans vraiment savoir ce qu'elle faisait.

"Si vous voulez continuer à vivre dans le cocon familial, va falloir remuer vos fesses et que vous alliez bosser un peu les filles, c'est compris? Impossible de rembourser le prêt toute seule" les avaient gentiment menacées Jamila. Si les deux aînées s'étaient alors engagées dans cette voie qu'est le service à la personne, il y a un an, c'était par facilité. Il ne fallait aucune qualification particulière pour cuire des pâtes ou passer l'aspirateur, se disaient-elles.

Même si ce métier ne se résume pas qu'à cela, loin de là, une bonne partie ne demande qu'un peu de jugeote, du savoir vivre et d'un bon contact humain, ce que Jena l'aînée, vingt-deux ans, et Jessica la deuxième, vingt ans ne manquaient pas. Leur physique agréable qu'elles savaient mettre en valeur et leur jeunesse n'y était pas étrangère.

Jamila aurait voulu que Lucie devienne médecin ou assistante sociale. Contrairement à ses deux aînées, l'une superficielle l'autre pas très "culturée", c'est le moins que l'on puisse dire, elle en avait les capacités et surtout la volonté de servir. Mais Lucie était victime d'une horrible phobie, une peur panique du sang, ce qui la rendait inapte à devenir médecin ou infirmière. De plus, elle voulait intervenir au plus près du quotidien des personnes, être au plus près physiquement pas sur le papier, hors de question d'être derrière un bureau.

C'est pour ça que Lucie s'était tournée vers ce métier et qu'il était devenu une obsession pour elle, avait remarqué la mère. Jamila comprenait l'envie de son adorable Lucie de donner du sens à son existence mais elle savait aussi que ce métier était loin d'être idyllique. Certaines personnes pouvaient être odieuses, peu reconnaissantes et surtout une jeune et jolie fille serait sûrement confrontée à des regards envieux. Déjà que je le suis moi malgré mes quarante ans! Et Lucie était également beaucoup plus naïve et inexpérimentée quant aux intentions des hommes par rapport à ses aînées. Elle craignait qu'elle soit terriblement déçue par les usagers de l'association et ainsi du métier, qu'elle perde ses illusions et que cela lui fasse du mal, au contraire de ses deux autres filles qui savaient jouer de leur physique et avaient conscience des inconvénients du métier. Et puis elles, elles ne faisaient pas ça par vocation. Et elles savaient d'ailleurs très bien se défendre et retourner n'importe quelle situation à leur avantage, simplement en minaudant.

Durant ce dernier mois, durant lequel sa Lucie était à l'essai, Jamila avait eut le temps de se faire une raison. Surtout qu'elle avait vu sa fille se transformer le soir même de son premier jour seule sur le terrain, le 10 juillet dernier. Elle ne savait pas ce qui avait bien pu se passer mais c'était flagrant ce soir là, elle rayonnait, elle était heureuse, avait trouvé sa voie et cela s'était lu sur son visage dès qu'elle l'avait vu descendre les marches de l'escalier qui menait à sa chambre.

- Tu es rayonnante ma Lulu.

- Oui, le miroir m'a montré ma destiné maman, avait répondu la sublime jeune femme rêveuse.

Même si elle voulut lui demander des détails, laissée perplexe par cette réponse énigmatique, elle n'en fit rien, appréciant seulement le sourire angélique de sa divine Lucie. Ce bonheur apparent mettait la maman en joie.

Maintenant, Jamila, assise sur une chaise en métal inconfortable, se dandinant de gauche à droite afin de soulager ses fesses, attendait que le sous-directeur daigne appeler Lucie. Cela faisait déjà trente minutes qu'elles attendaient. Elle posa les yeux sur sa fille qui avait les coudes sur ses genoux, sa jambe droite animé d'un mouvement nerveux et sa tête entre ses mains.

- Stresse pas comme ça, ça va aller ma chérie, dit-elle d'une voix qui se voulait rassurante en posant affectueusement sa main sur son épaule.

- Je ne sais pas trop, répondit Lucie la tête baissée.

Jamila fut très surprise par cette indécision, mais se dit immédiatement que c'était le stress qui lui avait soufflée cette réponse.

- Mais si, t'inquiète donc pas, ça va aller. Tu es la meilleure. Ce métier est fait pour toi. Tu m'as dit que ça s'était super bien passé, non?

- Oui oui ... les premières semaines ont été super mais pas ces trois derniers jours...

- Ah bon? S'exclama-t-elle surprise. Mais tu ne m'as rien dit! Que s'est-il passé?

- J'ai bien peur que la convocation ne concerne pas seulement la fin de ma période d'essai mais aussi une faute que j'ai commise ... Je n'vais pas être prise maman! affirma Lucie, remettant la tête dans ses mains, cachant ainsi ses yeux qui s'inondaient de larmes.

Jamila mit quelques secondes pour réaliser la portée des paroles de sa fille.

- Mais ... Tu en es sûr? questionna-t-elle. Mais ... non, ça ne doit pas être si terrible, bien sûr que tu seras prise, j'te le répète, t'es la meilleure, convaincue que ça ne pouvait que s'arranger! Pourquoi tu dis ça? Explique moi ce qu'il s'est passé?

Voyant que sa fille hésitait à se confier, Jamila posa cette fois la main sur la cuisse de sa fille afin de l'inviter à poursuivre sa confession, sans résultat immédiat. Elle la sentit se plonger dans ses pensées et n'insista pas. Pas pour l'instant.

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LUCIE 9H35

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Å tout juste dix-huit ans, Lucie était la dernière des trois superbes filles de Jamila. Tout comme celui de ses soeurs, son physique regroupait ce qu'on pouvait attendre de mieux du brassage génétique. Parents certes nés sur le sol Français, mais grands-parents paternels d'origine Suédoise et Allemande et grands-parents maternels d'origine Algérienne et Italienne. La dernière guerre avait produit des couples improbables et les grands-parents de Lucie en étaient le résultat. Lucie et ses soeurs étaient la troisième génération.

Malheureusement, de cette famille, il ne vivait dans l'est de la France que sa mère et ses soeurs. Son père, George, ayant dramatiquement disparu lors d'une opération militaire au Mali, guère longtemps après sa naissance. Sa mère avait alors décidé de déménager dans une nouvelle région pour un nouveau départ. C'était la seule solution qu'avait trouvée la jeune maman pour réussir à surmonter la mort de son extraordinaire mari, auquel Lucie ressemblait tant. Les oncles, tantes, et grands-parents étaient éparpillés sur la côte d'azur ou en Normandie.

De leur grand-père maternel algérien et grand mère Italienne, Lucie et ses soeurs avaient hérité de certains avantages. Toute l'année, elles arboraient ce teint qu'ont les gens à leur retour de vacances au soleil. Ce teint qui donne bonne mine et qui séduit.

Lucie avait les cheveux noirs mi-longs, ondulés, méditerranéens, mais sa silhouette s'approchait plus, comme celle de Jessica, de celle des top-modèles Germaniques ou encore Brésiliens aux origines allemandes. Héritage de la branche paternelle de son arbre généalogique.

De taille légèrement supérieure à la moyenne, sa silhouette était harmonieuse avec des formes subtilement dessinées, un généreux bonnet B virant plutôt vers le C, une taille fine, un ventre plat avec des fesses que l'on sentait souples mais musclées et ainsi rebondies comme il le fallait grâce à une parfaite chute de reins galbant légèrement ses lombaires. Ses traits fins, ses yeux bleus clairs, comme son père, contrastant avec ses cheveux noirs bouclés, lui confèraient un charme ravageur, même si elle ne savait pas vraiment en jouer. Ou plutôt, ne voulait pas apprendre à en jouer, se voulant jugée à sa juste valeur, et non pour son physique. Philosophie et comportement volontairement opposés à celui de ses soeurs, qui malgré un physique différent, n'avaient absolument rien à lui envier.

Assise dans cette affreuse salle d'attente, la jeune, belle, mais inconsolable Lucie vivait cette convocation comme un drame. Elle était certaine que l'histoire avec ces pestes de jumelles en fauteuil roulant était remonté aux oreilles de la direction. C'était tout son avenir qui lui échappait. Un fort désarroi l'habitait et elle se sentait minable. Sa première expérience professionnelle allait se solder par un échec.

Très sensible et à l'écoute des autres, le fait d'intégrer cette association destinée à améliorer le quotidien des personnes âgées et handicapées, était pour elle une évidence. C'était le seul métier qui apaisait sa terrible frustration qui l'empêchait de soigner les gens, à cause de sa phobie du sang.

Elle savait que son père s'était battu pour sauver des gens, elle, elle voulait, plus que tout, les sauver de la maladie et de leurs souffrances au quotidien. Faute de pouvoir les guérir, elle voulait être une source de réconfort. Une partie d'elle ne pouvait s'empêcher de voir dans la souffrance de tous les hommes diminués, celle de son père au crépuscule de sa vie, et elle voulait vouer la sienne à les soulager à sa manière.

Dès le lendemain de ses dix-huit ans, un bac S en poche, et sans l'accord de sa mère, qui avait pour elle d'autres ambitions, Lucie postula en tant qu'auxiliaire de vie dans la même boîte que le reste de sa famille. Elle avait rapidement reçu une réponse positive malgré de nombreuses candidatures, malgré son jeune âge, son manque d'expérience, sa timidité, l'absence de permis de conduire pourtant obligatoire, et un entretien d'embauche avec le sous-directeur qu'elle avait jugé très moyen.

En sortant de l'entretien, elle pensa, à juste titre, qu'elle avait été prise pour son physique. Le responsable avait dû juger que cela valait la peine d'envoyer son joli minois sur le terrain, et qu'elle allait plaire aux usagers de l'Association. Au mieux, elle allait illuminer, le temps d'une intervention, leur journée. Au pire, il la remercierait après son mois d'essai, s'était-elle dit.

En sortant du grand bâtiment, le jour de son entretien, et malgré sa mauvaise impression sur la raison de son embauche, il était hors de question pour Lucie qu'elle abandonne. Ce n'était pas concevable. Alors, bien qu'elle détesta cette impression d'avoir eut ce poste pour autre chose que pour ses qualités humaines, elle prit sur elle, et se dit que c'était à elle de montrer qu'il ne se trompait pas sur le fait qu'elle allait plaire aux usagers physiquement, mais pas seulement, elle voulait se montrer aussi et surtout irréprochable dans son attitude, et prouver qu'elle possédait toutes les qualités requises pour exercer ce métier.

Aujourd'hui, cela faisait un mois qu'elle était sur le terrain. Les trois premières semaines s'étaient déroulées à merveille. C'était comme elle se l'était imaginée, avec les bons et les mauvais côtés. Les personnes chez qui elle était intervenue, avaient été adorables avec elle. Elle faisait la cuisine, du ménage, des promenades, les courses, la conversation à de vieilles mamies bavardes. Elle était aux anges, même quand elle avait eut en charge l'hygiène corporelle de ses usagers, par exemple lorsqu'elle devait mettre des personnes en fauteuil sur les toilettes, elle était heureuse et effectuait ses tâches sans rechigner. C'était ça le métier, elle aidait les gens concrètement. Et, bizarrement, même quand elle devait subir les regards salaces de certains vieillards, elle les acceptait puisque dans un sens elle les aidait en les distrayant.

En vérité, depuis sa première intervention et celle du lendemain, ce 10 et 11 juillet dernier, elle avait pris conscience de plusieurs choses. Son point de vue avait évolué. Elle, qui auparavant n'aimait pas mettre son physique en avant, depuis ces dates, ça ne la dérangeait plus d'offrir la vue de son corps en activité à ceux qui voulaient bien le voir. Et tous les usagers mâles voulaient le voir. Désormais, elle pensait même que, cela fait partie de mes attributions, cela fait de moi une meilleure auxiliaire de vie. LE MIROIR lui avait montré sa destinée, le chemin.

Mais pour l'heure, la tête dans ses mains, la belle Lucie se sentait mal. Son estomac était noué. Elle avait le souffle court. Elle ne pouvait imaginer un tel échec. Pas après seulement un mois! Quelle honte Papa. Moi qui étais si heureuse d'aider les gens dans le besoin, comme tu as pu le faire en tant que militaire. Moi qui, pour la première fois de ma vie, me sentais utile à quelque chose et ne me considérais plus comme une bonne à rien, une chochotte qui a peur du sang!

Pourtant, elle avait tout fait comme il le fallait, se disait-elle, répondant toujours favorablement et avec le sourire aux demandes de ses pauvres usagers dont elle se devait de prendre soin, car à chaque fois, elle s'était dit qu'il était hors de question qu'ils subissent un refus de sa part, qu'elle déçoive les personnes dont on lui avait confié le bien être et au contraire, elle voulait absolument leur montrer qu'elle faisait les choses avec plaisir. Pas seulement parce qu'elle était payée pour ça, mais parce qu'elle était vraiment heureuse de servir, que sa vie serve enfin à quelque chose. Elle était faite pour ce métier, elle le savait, elle ne voulait rien faire d'autre.

Comme presque tous les jours depuis, assise sur sa chaise, elle repensa alors à sa toute première intervention, l'intervention de ce fameux 10 juillet, l'intervention qui avait amorcé le changement de sa vision des choses à jamais. L'intervention qui l'avait fait cogiter dans la douche le soir, celle qui lui avait révélé son potentiel en lui faisant prendre conscience de sa beauté, de son attrait, de son sex-appeal. Celle qui lui avait montré comment elle devait l'exploiter en voyant dans le miroir de sa chambre la peau nue d'une sublime jeune femme au corps parfait. L'intervention qu'elle considérait comme un repère, un phare.

La personne chez qui elle s'était rendue pour sa première fois était un homme d'une cinquantaine d'année avec un visage aux traits rude, au regards glaçant subissant son fauteuil roulant autant qu'il subissait sa dépendance aux auxiliares. Il lui avait certes réservé un accueil exécrable et avait l'air antipathique et acariâtre à l'extrême, mais il était le parfait archétype des pauvres âmes qu'elle voulait aider. Ce jour là, la bonne humeur de Lucie suffisait pour eux deux, voir pour quatre, tellement elle était heureuse d'offrir ses services.

Cependant, l'aigreur, sûrement due à son handicap, le pauvre homme, qu'elle avait perçue chez ce monsieur en fauteuil roulant manuel, l'avait terriblement touchée, voir ébranlée, et lui avait fait vraiment mal au coeur. Sa situation l'avait même prise aux tripes à un moment, car subitement, elle imagina son père dans la même situation, s'il était revenu blessé d'une de ses missions. Elle n'avait jamais ressenti ça auparavant. L'empathie de la jeune femme, ce jour là exacerbée, lui avait fait ressentir sa grande détresse, du moins, c'est ainsi qu'elle avait interprété le comportement bourru, renfrogné, voir hargneux de son cher usager.

C'était pour ce genre de personnes qu'elle voulait faire ce métier, afin de les soulager d'un poid supplémentaire en les aidant dans les tâches de la vie de tous les jours. Car avant même de postuler, Lucie avait bien réfléchi sur son rôle d'auxiliaire. Même si son rôle était factuel, effectuer des tâches, le métier ne se résume pas qu'à cela, s'était-elle convaincue, je dois essayer, du mieux que je peux, de leur faire penser à autre chose qu'à leurs difficultés, leur changer les idées. Je veux vraiment être, en quelque sorte, une bouffée d'oxygène, en mettant tout mon coeur et ma joie de vivre dans mon attitude, et les soulager de leur fardeau. Car, il était évident pour elle, que la mauvaise humeur et l'introversion auxquels elle serait confrontée de la part de certaines personnes, étaient une conséquence indirecte de leur handicap.