Si Vous Voulez! Ch. 05

Le matin, Olivier se rasa de près. Heureusement, comme il était blond et peu viril, sa barbe était douce et fine, presqu'invisible, imperceptible. Il lui bien fallut bien revêtir sa tenue de bonniche. Le corset serre-taille, dont il veilla à raccourcit les trop longues jarretelles. En effet, la veille, Solange avait été souvent embarrassée qu'on les voie sous la jupe trop courte. Les bas nylons, le soutien-gorge rembourré, la petite culotte par-dessus sa cage de chasteté. Il se refit un maquillage soigné, rajusta et peigna sa perruque. Enfin, les escarpins aux infernaux talons hauts qu'il chérissait tant, avant.

« Allons, une dernière fois » se dit-il. Soulagé à la pensée que tantôt, la voiture réparée, l'étranger s'en irait et il pourrait reprendre sa vie normale, s'habiller en homme. Il s'est caressé les testicules pour se soulager un peu. Bientôt il serait libéré et il pourrait jouir pour la première fois après un jour entier, la plus longue abstinence dont il pouvait se rappeler.

Solange allait descendre quand, passant devant la chambre de sa femme, il l'entendit pousser des cris à perdre haleine. Il allait entrer quand la voix d'Hervé résonna.

— Allez, suce-moi maintenant, salope!

Tétanisée, Solange ne sut que faire. Entrer et les surprendre? Impossible, c'était risquer la colère et peut-être les coups de ce sauvage. Puis il perçut des bruits et subitement Marie ouvrit la porte, toute nue.

— Que faites-vous là, Solange? Allez immédiatement préparer le petit déjeuner.

Peu soucieuse de voir surgir Hervé, Solange s'empressa de descendre. Un peu plus tard, le couple entra, main dans la main, et s'installa à table. M. Rouland commanda.

— Solange, nous prendrons du jus d'orange, du pain avec grillé des œufs et du lard. J'ai un appétit féroce ce matin, je me demande pourquoi, dit-il en riant à l'adresse de Marie.

De sa cuisine, elle entendait le rire hystérique de son épouse. Ils riaient d'elle. Elle leur servit le petit déjeuner pour en finir le plus rapidement possible avec son rôle. Ils l'ont totalement ignorée, pas un merci. Marie rayonnait de bonne humeur en écoutant Hervé lui chuchoter à l'oreille. En grignotant un bout de pain avec son café, Solange fixait l'horloge, attendant sa libération.

Enfin la cloche a sonné pour qu'elle vienne desservir. À sa surprise, elle les vit se diriger vers le jardin. Marie ne réalisait-elle pas qu'il était en agonie, attendant impatiemment sa délivrance? Et elle avait même emporté la cloche, qui ne tarda pas à l'appeler.

— Solange, allez donc ranger la maison et refaire les lits, dit-elle sans presque la regarder.

Elle ne fut pas étonnée de trouver intact le lit de M. Rouland, tandis que celui de Marie, son lit matrimonial, était un vrai champ de bataille. De la fenêtre, elle les voyait en grande conversation. Et ding, la maudite cloche! Elle s'empressa.

— Vous êtes sourde, ça fait un quart d'heure que je vous appelle!

— Excusez-moi, Monsieur, j'étais à l'étage.

— J'ai décidé de rester quelques jours. On a rapporté ma voiture, alors allez chercher mes valises et portez-les dans NOTRE chambre, dit-il en regardant Marie d'un air complice.

Ébahie, Solange a ouvert la bouche, en état de choc. Marie confirma.

— Hervé, heu, Monsieur Rouland a des visites à faire dans la ville pour quelques semaines. J'ai pensé qu'il pourrait rester avec nous jusqu'à ce qu'il trouve une chambre quelque part.

— Quoi? hurla-t-elle presque.

M. Rouland se leva, très en colère.

— Que se passe-t-il là? Marie, vous ne devez rien expliquer à cette fille! Non mais regardez-moi ça cette godiche qui reste là comme une idiote! Et vous, Solange, tant que je resterai ici, vous obéirez et vous vous comporterez correctement quand je vous donne une instruction. Et vous n'interrogerez pas votre maîtresse. C'est bien compris?

— Oui Monsieur Rouland, dit-elle craintivement, au bord des larmes.

— Et autre chose. Je veux voir une petite révérence, comme il se doit d'une bonniche bien stylée quand vous dites « oui Madame » et « oui monsieur ».

Marie riait nerveusement, assez mal à l'aise semblait-il. Hervé la regarda.

— Je connais bien ces employées de maison. Vous leur laissez un doigt, elles vous prennent un bras!

Il s'est à nouveau tourné vers Solange.

— Autre chose encore. Ne vous croyez pas installée ici sans faire d'efforts. Sinon vous pourriez bien prendre la porte. S'il le faut, je trouverai facilement une employée de maison.

Il s'est avancé, le visage à quelques centimètres de Solange, la dominant de haut.

— Je ne pense pas que vous vouliez qu'on en arrive là. Alors soyez à la hauteur de ce qu'on peut attendre de vous. C'est compris cette fois?

— Oui Monsieur Rouland, dit craintivement Solange avec une petite révérence.

— Maintenant allez à ma voiture et apportez mes valises. Accrochez mes vêtements, et si nécessaire passez-y un coup de fer.

Solange a acquiescé et s'est sauvée pour obéir, aussi vite que ses talons le lui permettaient.